Le pouvoir des “Et si”
Le 15 avril 2024, mon amie, Matilde Sciaccaluga et moi, nous sommes partis pour un voyage à vélo de deux mois et demi depuis Athènes jusqu’à Stockholm. 4000km, 27000m de dénivelé positif le tout sur des vélos mécaniques.
Et si…
Et si nous partions au bout du monde ? C’est par cette question que le 10 août 2023 l’aventure a commencé. Et si, deux mots, quatre lettres, qui changent tout. Comme si ces deux petits mots avaient un pouvoir magique, celui de libérer nos imaginaires et notre capacité d’action.
Alors évidemment, il ne suffit pas de les convoquer pour que tout arrive tout cuit. Ceci dit, c’est cette brique qui ouvre le champ des possibles, qui convoque le rêve et la part d’enfant qui se cache au fond de nous, en attendant patiemment qu’on la libère. Les sceptiques diront qu’avec des “et si” on peut mettre Paris en bouteille, et je leur répondrais que pourquoi pas, il s’agit juste de fabriquer une très grande bouteille ou de démonter Paris pour mettre tout ça dans des petites bouteilles. En dehors de l’idée qu’on peut juger saugrenue, c’est en réalité tout à fait faisable… il n’est question que d’organisation.
Alors, et si nous rêvions un peu plus fort, que risquerait-on ? J’aime beaucoup citer Patrick Viveret, qui nous dit qu’“il est temps de prendre au sérieux nos rêves pour en faire une stratégie” ou on pourrait dire plus simplement “au pire ça marche”.
Car après tout, une fois déjouées les questions des sceptiques, ne sommes-nous pas notre plus grand censeur ? Un comble quand on y pense, on sacralise les iconoclastes, les anticonformistes et tous les aventureux qui se risquent à sortir des sentiers battus pour vivre leur vie avec intensité et joie (je n’oublie pas le nombre de défis et de difficultés à dépasser), et dans le même temps on s’empêche de vivre ça et quand un proche nous partage ses velléités d’envol on lui rappelle que ce serait pas mal de garder les pieds sur terre.
Comme si on acceptait d’atteindre l’objectif que si on n’avait pas à vivre le processus. Faire Athènes Stockholm à vélo sans vouloir mettre un seul des plus de 3,3 millions de coups pédale nécessaires.
Ce “Et si”, c’est une invitation à rêver, c’est se donner l’autorisation de renouer avec cet enfant intérieur qu’on met trop souvent en veille pour s’occuper de choses sérieuses (vraiment ?!). Ce “Et si”, il vient du coeur, des tripes, il devrait remplacer nos “oui mais” qui viennent de notre tête, de ce mental qui a peur de l’inconnu, de l’inconfort.